Ce sketch que j'ai écrit sera joué les mercredi 15 juillet et jeudi 16 juillet à Gigean, pour le Festival : Chapeau les artistes ! Venez nombreux, c'est gratuit !!

- Quelle belle journée, chérie ? Hein, tu trouves pas ? Regarde ces arbres, et ce ciel !
- Magnifique. Ça fait tellement longtemps qu’on n’était pas sorti tous les deux. Ça fait du bien de se balader tous les deux, en amoureux sans François. Ça fait combien de temps ?
- Trop longtemps.
- Je te remercie de m’avoir invitée dans ce merveilleux restaurant. C’était délicieux. Je me suis vraiment régalée. Ton choix était parfait. Le canard était fantastique. Grillé comme j’aime.
- Tu as aimé ? Tant mieux. Tu avais déjà pris le canard la dernière fois, je crois. C’est une de leur spécialité.
- On n’est jamais allé dans ce restaurant. C’est la première fois qu’on y va.
- Mais si, souviens-toi. On y est déjà allé une fois. On l’avait découvert par hasard en se promenant. Je crois même que c’était le jour où on avait été voir ce film, là avec…euh… mince, comment il s’appelle déjà… là l’autre là celui qui joue dans… oh… et puis…
- Et puis quoi ?
- Euh… non peut-être… Si tu le dis. Je dois confondre.
- Ah oui, tu confonds ! Je crois effectivement que tu confonds. Tu es déjà allé manger dans ce restaurant, visiblement. Mais ce n’était pas avec moi.
- Euh non, en fait, je ne… oh regarde là, l’écureuil !
- Il n’y a pas d’écureuil. Avec qui tu as mangé dans ce restaurant ?
- Je dois me tromper en fait. Je ne suis jamais allé manger dans ce restaurant. C’est ça, je confonds. Tu sais bien, que je n’ai pas une super mémoire. En général, c’est plutôt toi qui te souviens de ces choses-là. Si tu dis qu’on n’est jamais allé manger dans ce restaurant, c’est qu’on n’y est jamais allé. Tu veux une glace ?
- Tu es allé manger avec qui dans ce restaurant ?
- Non, mais en fait, je me suis trompé, je ne suis jamais allé dans ce restaurant. J’ai confondu avec un restaurant où je suis allée quand j’étais à Marseille. Ça m’a rappelé l’endroit, parce qu’ils se ressemblent vraiment.
- Ah oui, et à Marseille, alors t’y es allé quand ?
- Ecoute chérie, je ne me souviens plus. Et puis, ça n’a pas vraiment d’importance, non ? Ce qui compte, c’est qu’on soit ensemble et que ce soit formidable, hein ? Hein, on est bien là. Il fait beau. Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas retrouvés là, tous les deux. On n’a plus le temps.
- A qui la faute ?
- Ben, au temps.
- Non, pas au temps. A toi, qui ne sait pas prendre du temps. Qui a toujours mieux à faire, et autre chose à faire qu’être avec moi et avec ton fils.
- Dis-donc, c’est mon procès, là ou quoi ?
- Enfin, reconnais que tu passes plus de temps à ton boulot, qu’à la maison, non ? C’est faux ? Ne me dis pas que c’est faux ! Parfois on dirait que tu fuis ! Que tu préfères ton boulot à moi ! Tu t’ennuies avec moi ou quoi ?
- Mais enfin, ne dis pas n’importe quoi ! Tu sais bien que je suis très pris par le boulot et que ça n’a rien à voir avec toi. Je ne m’ennuie pas du tout avec toi !
- C’est pour ça qu’on ne se retrouve jamais tous les deux. Que chaque fois qu’on prévoie de sortir, il faut que tu invites des gens avec nous. Comme là, en fait, si Pierre et Jacqueline avaient pu venir, on ne se serait pas retrouvés tous les deux. Mais avec Pierre et Jacqueline.
- Tu ne les aimes pas Pierre et Jacqueline ?
- Ça n’est pas la question !
- C’est quoi la question alors ?
- Tu n’écoutes pas ce que je dis !
- Mais si je ne fais que ça !
- Je te disais juste que j’avais envie qu’on soit davantage tous les deux plutôt que tout le temps avec des gens.
- Mais on est tout le temps tous les deux !
- Ah oui ! Et tu peux me dire quand ?
- Ben là par exemple !
- C’est pas un bon exemple !
- Comment veux-tu que je me souvienne ? Je ne suis pas comme toi à tout noter. On dirait que tu notes tout sur un cahier et que tu le fais exprès, pour après me ressortir des trucs d’il y a vingt ans dont je ne me souviens même pas !
- Tu ne te souviens même pas de notre anniversaire de mariage !
- C’est parce que ce n’est pas important !
- Ce n’est pas important !?
- Attends ! Laisse-moi parler… ce n’est pas ce que j’ai voulu dire !
- Tu t’exprimes mal alors !
- Je voulais dire que pour moi, ce n’est pas la date qui compte. C’est le fait qu’on soit ensemble. Qu’on se soit rencontrés. C’est tout. Après de savoir que c’était un mardi ou un jeudi ou un 25 ou en janvier ou au mois de mai, ça n’a pas vraiment d’importance ! C’est un jour comme les autres !
- Non, justement, ce n’est pas un jour comme les autres. C’est un jour différent. Exceptionnel. C’est le jour où on s’est mariés. Qui est exactement le même jour où on s’est rencontrés. Et on l’a fait exprès. Enfin, JE l’ai fait exprès. C’est un jour spécial. Et ce jour spécial, ça me fait plaisir qu’on le fête !
- Si tu y tiens vraiment !
- Bien sûr que j’y tiens ! Comme à mon anniversaire ! A celui de François ! Au tien !
- Bah, mon anniversaire n’a pas d’importance !
- Alors ça ne sert à rien que je te fasse des cadeaux si ça n’a pas d’importance !
- Ben non.
- Ok !
- Ben quand même !
- Ah tu vois, finalement, ça a de l’importance ! Oh regarde comme cette robe est magnifique ! Elle est splendide ! Je l’adore ! Elle est magnifique ! Avec ses dentelles ! Je l’ai vu dans « Elle ». Tu ne la trouves pas magnifique ?
- Si.
- Comment ça « si » ?
- Si, je la trouve magnifique.
- Je vais aller l’essayer.
- Oh non !
- Comment ça non !?
- On n’est pas là pour faire les magasins. On avait dit qu’on se promènerait.
- Ben, c’est ce qu’on fait, on se promène et on voit de belles vitrines avec des jolis vêtements à l’intérieur. Moi, je veux aller essayer cette robe. Elle serait superbe sur moi.
- …
- Tu ne dis rien ?
- Qu’est-ce que tu veux que je dise ?
- Que oui, effectivement, elle serait très jolie sur toi, ma chérie. Tu es bien faite, tout te va !
- Euh oui… si tu le dis…
- Non, pas « si tu le dis » ! C’est ça c’est exactement ce que je te dis !
- Tu me dis quoi au juste ?
- Tu ne n’écoutes pas ! Quand je te dis que tu n’écoutes pas !
- Mais tu dis tellement de choses !
- Dis carrément que je te fais chier ! Ne te gêne pas si je t’emmerde ! Si tu trouves que ce que je dis n’a aucun intérêt !
- Bon, tu vas l’essayer cette robe ?
- Non !
- Non ?
- Non !
- Tu vois tu ne sais pas ce que tu veux ! Tout à l’heure tu voulais à tout prix essayer cette robe et maintenant tu ne veux plus !
- Tu m’as coupée l’envie !
- Oh de suite les grands mots !
- Tu n’es jamais enthousiaste ! C’est incroyable ! Tu pourrais me faire des compliments quand même de temps en temps ! Tu n’as même pas remarqué que j’avais été chez le coiffeur !
- Ah oui !
- Tu vois ! Tu ne me regardes plus ! Tu ne m’écoutes pas !
- Mais si, je t’écoute ! Enfin chérie ! C’est que… je préférais avant comme t’étais coiffée… là on dirait que…
- On dirait que quoi ?
- Tu vois, je ne peux rien dire, tu t’énerves tout de suite !
- Tu m’étonnes ! Tu passes ton temps à me critiquer ! Tout ce que je fais ce n’est jamais bien ! Mon gratin est bon mais on sent trop la noix de muscade ! Mon chili n’est pas assez épicé ! La musique que j’écoute est nulle ! Je regarde des émissions de merde à la télé ! Ma coiffure est… je sais pas… c’était mieux avant ! Et encore, je me demande si tu ne le fais pas exprès parce que si je ne t’avais pas dit que j’avais été chez le coiffeur, tu n’aurais rien dit ! Tu n’avais même pas remarqué !
- Ecoutes, tu t’en fais trop ! C’est pas grave ! Je t’aime comme ça !
- Ça veut dire quoi je t’aime comme ça ?
- Ben je t’aime comme ça !
- Ouais, en fait, je cuisine mal, j’ai des goûts de chiottes et je suis mal coiffée et tu m’aimes quand même !
- Ce que tu peux être…
- Oui ?
- Tu m’embrouilles ! Je ne peux rien dire ! Tu prends tout de travers !
- Peut-être que si tu t’exprimais mieux, je ne prendrais pas tout de travers ! Désolée d’être moche et nulle !
- C’est pas ce que je voulais dire ! Ce que je voulais dire, c’est que tu n’as pas besoin d’être parfaite pour que je t’aime ! Je t’aime comme tu es !
- Oh !
- Allez viens, allons nous assoir sur le banc !
- Ok.
- Ah… mon téléphone… attends… allô… Pascal… salut … comment va ?... oui, depuis le temps... ah ah ah… oui… non tu ne me déranges pas…. oui… non rien de particulier… oui…. Tu es où maintenant ?… Ah tu es redescendu ?... tu en as eu marre de la capitale… tu m’étonnes… rien ne vaut le Sud… rien ne vaut l’étang de Thau… ah ah… oui… oh tu sais moi toujours pareil… non, je t’ai pas raconté… il faut que je te raconte alors… oui, ben en fait j’ai été viré d’où je bossais… si… tu sais que j’étais dans le collimateur de la direction après avoir manifesté lors de la dernière grève contre la suppression des postes, enfin, je t’en parlerai plus longuement, c’est une assez longue histoire… il y a eu un sacré remue-ménage à la direction… j’ai négocié un licenciement… oui, en fin de compte, c’est carrément bien… je m’accorde un mois et puis de toutes façons… oui j’ai des opportunités… oui, Bertrand… tu vois qui c’est ? … oui, c’est ça… oui, il a un plan… non je ne m’en fais pas… toujours aussi beau ici… oui… Marie-Claire va bien… elle te passe le bonjour… euh…. Oui François aussi… cette année le bac… et oui déjà ! à qui le dis-tu… je suis bien d’accord… ah ah ah… et toi ? Tu en es où ? Toujours un peu à droite à gauche ?... Non ? Toujours avec Irène ?... eh bien mon vieux, on dirait que tu t’es casé cette fois… oh je te dis pas… oui… bon courage ! oh oh ! Je vais te laisser… oui… je suis justement dehors… avec Marie-Claire… oui… t’es dans le coin ? Où ça ? On est carrément pas loin… bien sûr… t’es au café ? OK… à tout…
- C’était qui ?
- C’était Pascal. Il est rentré de Paris ! Il en a eu marre de la capitale !
- C’est qui Pascal ?
- Mais tu sais bien mon pote Pascal ! On s’est connus à Ibiza !
- Ah oui, celui-là !
- Ça fait super longtemps que je l’ai pas vu ! Et il est là ! T’imagine la coïncidence !?
- Oui, j’imagine bien !
- Il est au café… on va le rejoindre !
- Comment ça on va le rejoindre ?
- Ben oui, il est au café et on y va aussi. Pour voir Pascal !
- C’est comme ça que tu considères une promenade en amoureux ? En allant voir ton pote ?
- Qu’est-ce que tu voulais que je fasse ? Je n’allais quand même pas lui dire « oh non, Marie-Claire ne t’aime pas, elle ne veut pas te voir » ! ça lui fait hyper plaisir ! Il est à deux pas ! Je n’aurais pas pu lui dire non !
- C’est ça ! à tes potes tu ne peux jamais dire non mais à moi si !
- Oh tu ne vas pas recommencer ! Il y aura Irène aussi !
- Ah ouais je vois…
- Quoi ? Tu n’aimes pas non plus Irène ?
- Non, je n’aime pas Irène ? Qui aime Irène ? à part les pervers libidineux ?
- Irène est très sympa, je ne vois pas ce que tu lui reproches !
- Peut-être ses seins refaits ? Ou ses lèvres ? Ou son quarantième lifting ! Je ne vois vraiment pas ce que les hommes lui trouvent ! Elle n’est vraiment pas belle !
- Les hommes ne recherchent pas forcément la beauté !
- Ah ils veulent surtout des gros seins et du silicone ! En plus, c’est un pot de peinture ambulant !
- Ah mais tu es jalouse en fait !
- Pas du tout ! Elle est moche c’est tout ! Elle est vulgaire ! Et je déteste te voir rire aux éclats à ses blagues idiotes !
- C’est ça tu es jalouse !
- Pas du tout ! Je ne l’aime pas, ça n’a rien à voir !
- On est presque arrivés au café… je ne vais pas l’appeler pour annuler quand même !
- …
- Oh écoutes, ça va être sympa ! On ne s’est pas vus depuis si longtemps ! On a des tas de choses à se raconter ! Et puis on ne va pas rester longtemps, histoire de tchatcher un peu !
- Je les connais tes « pas longtemps » ! La dernière fois avec Yves, on devait rester pas longtemps et on est restés jusqu’à la fermeture du bar !
- Oui, mais c’était exceptionnel !
- Avec toi, c’est toujours exceptionnel !
- Bon écoutes, si tu ne veux pas venir, ne viens pas !
- Ah c’est comme ça !
- Oui, c’est comme ça !
- Bon, ok. Je ne viens pas alors. Salut !
- Salut !
- Salut !
- Non mais attends, c’est trop bête. Tu ne vas pas partir comme ça !
- C’est toi-même qui me l’as proposé !
- Oui, bon enfin, tu ne vas pas faire la tête quand même !?
- Tu n’es qu’un égoïste, c’est tout ce que je vois ! Tu ne voulais pas que j’essaye ma robe parce que ça te faisait chier tout simplement, alors je ne l’ai pas essayé, mais là, y a ton pote que t’es envie de voir alors tu ne te pose pas la question de savoir si moi j’en ai envie. Tu as décidé qu’on y allait, alors on y va. Sans parler de l’impolitesse de ton coup de fil !
- Quoi l’impolitesse de mon coup de fil ?
- Oui, on était là tous les deux et tu me plantes là pour parler des heures avec ton ami !! C’est impoli !
- Qu’est-ce que t’es chiante aujourd’hui ! Qu’est-ce qu’il se passe ?
- Tu ne me dis jamais que tu m’aimes !
- Mais si je te le dis tout le temps…
- C’est faux ! Et moi, j’ai l’impression d’être la quatrième roue du carrosse. Je passe après ton coup de fil, après tes amis, tu ne me complimente pas sur ma coiffure ou mes vêtements, mais tu as la critique facile… c’est bon, à la fin !
- Mais non, tu te fais des idées… enfin, chérie, tu sais bien que je t’aime… Je ne pense pas à le dire, c’est tout. Pour moi, c’est juste naturel. Je le pense mais je ne le dis pas.
- Ben tu devrais, ça fait du bien de l’entendre !
- Bon, ok, je l’ai dis… on peut faire la paix, maintenant ?
- Ouais, mais la dernière fois…
- Aahhh !

***

Bientôt, les images...

une si belle journée

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