Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
des nouvelles de Karine
Archives
Albums Photos
des nouvelles de Karine
9 juillet 2009

speed time

Elles m’ont dit de me dépêcher, mais je n’ai pas pu. « Vite, vite » qu’elles me disaient. « Vite, vite » que j’entendais. Mes doigts se sont emmêlés. Je n’ai rien pu faire. Ce n’était pas ma faute. Mon corps a fait des nœuds. Et des vibrations. Mes mains se sont empêtrées l’une dans l’autre et mes doigts se sont noués dans des sens défiants les lois de la gravité. Mes bras se sont décrochés et ma mâchoire s’est bloquée. Après, c’est mon estomac qui s’est crampé, et mes jambes qui ont flageolées. Est-ce que j’y pouvais quelque chose ? Non, je n’y pouvais rien. Elles m’ont encore dit de me dépêcher, mais je n’avais plus que mes oreilles de fonctionnelles. Mes oreilles entendaient tout ce qui se passait.
« Dépêche toi ».
« Plus vite ».
« Allez ».
« Booste toi ».
« Prends de la vitamine ».
« Il faut être speed ». « Le monde va vite ».

Oui mais moi je vous emmerde.  Mon corps est lent et mon cerveau est rapide. Mes mouvements se décoordonnent et se désordonnent. Vite. Viiiiiiiiiiiiiiiiiiiiite. Oui vite. Je n’ai que ce mot là dans l’autoroute de mon cerveau. Dans mes synapses. « Vite, vite » qu’elles me disaient. « Vite, vite » que j’entendais. Dans mon cerveau droit et dans mon cerveau gauche. Mes doigts étaient noués, mes mains paralysées, mes jambes molles, mon estomac retourné. Et mon cœur ? Mon cœur, il palpitait. A vitesse grand V. Très vite. Aussi vite que le mot « vite » qui résonnait à mes oreilles. Et puis d’un coup j’ai explosé de l’intérieur. J’ai implosé. Tous mes membres se sont éparpillés dans la pièce. Tous mes membres. Toute la pièce. Un vrai carnage. C’était sûr que maintenant je ne pourrais pas aller beaucoup plus vite. Déjà il fallait que je retrouve les morceaux du puzzle humain que j’étais. Boyaux, tuyaux, jambes, bras, doigts, etc…  « Vite, vite » qu’on me disait. « Vite, vite » que j’entendais.
Mais là ce n’était pas pour moi, enfin si, indirectement, c’était pour  moi. Pour évacuer les morceaux qui étaient en plein milieu du passage et dont il fallait se débarrasser.

***


Publicité
Commentaires
des nouvelles de Karine
Publicité
Publicité