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des nouvelles de Karine
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des nouvelles de Karine
27 mai 2009

télé space... suite et fin

Pour le trente et un décembre, Gustave voulait faire une méga fête. Il avait convié tous ses amis sur le net. Il avait une webcam. Il avait tout organisé dans les règles. Il avait commandé des cotillons. Du champagne, du foie gras, du caviar. Du magret de canard. Gustave savait qu’il allait faire un repas gargantuesque avec ses amis du monde entier. Il trouvait génial de fêter la nouvelle année ainsi, avec ses amis. Avec tous les décalages horaires, il la fêtait toutes les heures. Mais, Gustave était contrarié. Il était déjà cinq heures de l’après midi et il n’avait toujours pas été livré de ses mets. Les autres années, il n’y avait eu aucun problème. Il avait été livré dans les temps. Il décrocha le téléphone pour appeler la société où il avait fait ses courses. On lui répondit que sa commande avait bien été prise en compte mais qu’il n’y avait plus de livreur. Gustave s’insurgea, se fâcha. Au bout du fil, on lui expliqua que c’était ainsi et que malheureusement on ne pouvait rien faire. Que ce n’était pas sa faute. Gustave demanda à quel moment il serait livré. Après un blanc, on lui répondit qu’il n’y avait plus un seul livreur. Gustave ne comprenait pas. « Embauchez, créez des emplois »
On lui répondit que plus personne ne voulait être livreur. Qu’il y avait une pénurie de livreur. Que les livreurs avaient démissionné. Il ne voulaient plus sortir. Ils trouvaient que l’extérieur devenait dangereux. Ils préféraient se tourner vers le télétravail. Gustave hurla ses grands dieux que le monde ne tournait pas rond et il raccrocha. Il se disait que la situation était grave s’il n’y avait plus de livreur. Il commença à déprimer. Puis se dit qu’il y avait d’autres sites d’achat en ligne. Il y en avait plein. Il les appela tous un par un, et tous lui répondirent qu’il n’y avait plus de livreurs.
Déprimé, il s’installa devant la télé qui était allumée et écouta les informations. L’information était nationale. Elle venait de tomber. Il n’y avait plus un seul livreur en activité. C’était une catastrophe incroyable. Un événement sans précédent. Que personne n’avait vu venir. Et pourtant, il y avait eu quelques mois auparavant la grève des livreurs. Ils souhaitaient de meilleures conditions de travail, une revalorisation des salaires, une sécurité assurée. La grève n’avait pas duré longtemps, avait été très peu suivie et n’avait pas eu d’impact. Peu à peu, les livreurs avaient démissionné. Ce qui causait une surcharge de travail pour les livreurs encore en poste. Ce qui aggravait les conditions de travail. Jusqu’au jour, où il n’y eut plus un seul livreur en activité. Tous ayant démissionné pour se tourner à leur tour vers un télétravail. 
Le phénomène n’était pas uniquement national. Il était international.  Le journaliste souligna la gravité de la situation. On avait retrouvé des personnes mortes de faim chez eux. Elles attendaient depuis des jours et des jours une livraison qui ne venait pas. Le journaliste annonça que la crise qui touchait le monde était plus importante et grave qu’il n’y paraissait. Les livreurs n’étaient pas les seuls à avoir démissionné. D’autres secteurs étaient eux aussi touché. La poste…
Gustave trouva cela insupportable. Son intelligence le mit en garde. Il savait que la situation était incroyablement dangereuse. Qu’il en allait de sa survie et de celle de la planète. Dans un accès de rage, il décida d’éteindre la télévision. Pour une des toutes premières fois de sa vie. Il appuya sur le bouton, c’est à ce moment qu’il y eut une étincelle. La télévision implosa. Elle prit feu sur-le-champ. Et avant que Gustave eut pu faire quoi que ce soit, le feu se propagea à grande vitesse dans l’appartement. Gustave se dit qu’il n’avait pas le temps ni d’appeler les pompiers ni d’essayer d’éteindre le feu avec de l’eau. Il ne vit qu’une solution qui le révulsait. C’était de sortir. Sortir de l’appartement. Pour ne pas  mourir brûlé, ni asphyxié. Gustave se dirigea vers la porte la mort dans l’âme se rendant compte que toute sa vie partait en fumée sous ses yeux et qu’il ne pouvait rien emporter avec lui. Il attrapa la poignée, la tourna mais la porte ne s’ouvrit pas. Il s’était enfermé. Il avait oublié ce détail.
Il s’enfermait toujours chez lui.
Il n’ouvrait que pour réceptionner ses livraisons.
La clé n’était pas sur la porte.
Elle était rangée précieusement dans un tiroir de la commode qui était dans le salon qui était ravagé par les flammes.

***

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Commentaires
S
pas mal du tout, ce petit récit !
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