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des nouvelles de Karine
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des nouvelles de Karine
11 mai 2009

Ulrich et Léa vont au cinéma

Ils étaient assis depuis une demi-heure maintenant. Il se disait qu’il était temps de passer à l’action. Ulrich. Il voulait l’embrasser. Léa. Depuis le Mac Do. Déjà. Mais entre la frite et le coca, c’était pas facile. Alors Ulrich avait eu l’idée du ciné. Comme des milliers avant lui. Il pouvait remercier les frères Lumière d’avoir inventé le cinéma. Le lieu de rapprochement de tous les jeunes. Le lieu de sortie des ados. Qui allaient sortir ensemble. L’inviter au ciné était déjà en soi une proposition. Elle était assez intelligente pour s’en douter. Ulrich n’en doutait pas. Ça lui faciliterait la tâche. Enfin pas pour l’instant. Déjà dans la file d’attente, à chaque fois qu’il essayait de se rapprocher d’elle, elle secouait ses cheveux. Ou rigolait bêtement. Elle ne lui avait pas facilité la tâche du tout. Il se disait que c’était pas gagné. Qu’il allait galérer comme un galérien. Ulrich. Il comptait dans sa tête son argent. Il se disait qu’il ne lui restait que juste assez pour se payer sa place. Qu’il ne pourrait pas payer celle de Léa. Il était embêté. Il s’était dit que s’il lui payait sa place. Ça serait un signe qu’elle comprendrait. Elle comprendrait clairement qu’il veut sortir avec elle. Des fois, les signes étaient pas clairs ou pas facilement montrables surtout quand on ose pas ou quand on est timide mais un signe comme celui-là, les filles le comprennent. Sauf qu’Ulrich ne pouvait pas payer la place de Léa. Il n’avait pas été assez prévoyant. C’était à cause du sundae. Qu’il était allé se racheter. C’était pas sa faute, s’il avait encore un creux. Après ses sept hamburgers. Sa frite et son coca. Il avait eu envie d’un sundae. C’était pas prévu. C’était l’argent du ciné. Pour Léa. Il l’avait oublié. Devant son estomac. Son estomac avait parlé. C’était le plus important. Un sundae il voulait. Il ne voulait pas que son estomac gargouille de faim quand il serait au ciné. Il serait gêné. Et pas efficace. Il avait besoin d’avoir l’estomac plein pour ne pas y penser. Sinon, il y aurait pensé et n’aurait pas pu agir. Alors, il avait commandé un sundae. Et là, c’était parfait. Il avait l’estomac plein comme il fallait. Mais il n’avait plus assez d’argent pour offrir la place de ciné à Léa. A la caisse. Il avait rougi. Il avait murmuré « une place ». Peut-être qu’elle ne s’en rendrait pas compte. Léa. Qu’il ne lui offrait pas la place. On ne sait jamais. S’il parlait suffisamment doucement. Elle ne ferait pas attention. Alors il a parlé très doucement. Et la caissière lui a fait répéter. Par ce qu’elle n’avait rien entendu, cette conne ! Il a du répéter. Une place. Et là c’est sûr qu’elle a entendu Léa. Qu’il n’achetait qu’une place. Et qu’il ne l’invitait pas. Il sentait que c’était pas bon signe, ça. Il aurait dû l’inviter. Le sundae lui restait sur l’estomac en fin de compte. Il se disait maudit sundae, à cause de toi, je vais foirer mon coup. Avec Léa. C’était une des filles les moins connes du lycée. Il n’avait pas envie qu’elle le prenne pour un blaireau. Ulrich. Il avait sa réputation à garder. Et ses hormones à contenter. Elle lui faisait de l’effet Léa. Il essayait de se contenir. Pour ne pas dire de conneries. Il n’avait pas envie de passer pour un débile. Au lycée, c’était plus facile. Il savait de quoi lui parler. Il parlait des profs, de l’ambiance au bahut puis basta. Il n’avait pas besoin de lui parler pendant des heures. Mais là ? Il ne savait pas trop quoi lui dire. Ni de quoi lui parler. De ciné. Peut-être. Des films. Oui, un bon sujet. Sauf qu’elle n’allait jamais au ciné Léa. Sauf aujourd’hui. Il réalisa alors que c’était un bon signe. Si elle n’allait jamais au ciné habituellement et que là elle avait accepté, c’était qu’elle voudrait sûrement sortir avec lui. Pendant qu’ils attendaient que la salle ouvre, il avait regretté de ne plus avoir assez d’argent pour s’acheter des pop corn. Il trouvait que c’était une bonne idée, ça. Pour piocher dedans. Tous les deux. Bon, c’est sûr, il aurait dû partager son pot. Mais il n’avait pas faim. Plus faim. C’était juste pour se rapprocher de Léa de manière subtile. Ils auraient pu plonger leurs mains ensemble dans le paquet. Se frôler. Se toucher. Ça aurait été vachement bien. Ça aurait été un moyen d’approche commode. L’air de rien. Mais quand même. Ils étaient rentrés dans la salle, s’étaient assis. Au milieu, au milieu. De l’écran. Pour bien voir. Bien entendre. C’était la meilleure place. Et les bandes-annonces avaient commencé. Et les pubs aussi. Et Ulrich se demandaient comment il allait faire pour embrasse Léa. Il attendrait qu’il fasse noir, ça c’est sûr.
Ça faisait maintenant une demi-heure qu’ils étaient assis. La salle venait juste de s’éteindre. Le film allait commencer. Léa s’agitait sur son siège. Elle avait envie d’aller aux  toilettes. Ça faisait un moment déjà. Mais elle n’avait pas osé se lever. Elle n’aimait pas se lever en public. Elle ne voulait pas que tout le monde la regarde. Déjà, au Mac Do, elle s’était retenue. En se disant qu’elle irait au ciné. Avant de rentrer dans la salle et de s’asseoir. Mais elle avait oublié. D’y aller. Ou plutôt, elle s’était retenue. Pour ne pas quitter un instant Ulrich. Pour ne pas le perdre. Si jamais, elle ne le retrouvait pas. Elle aurait eu l’air bête à le chercher. C’est parce qu’elle était myope. Et qu’elle ne mettait pas ses lunettes. Pour pas avoir l’air d’une fille à quéquette. Et elle ne pouvait pas quitter la file d’attente comme ça. Pourtant, elle en avait envie. De faire pipi. Et elle se disait que si elle n’y allait pas. Ça allait lui gâcher le film. Elle ne pourrait pas se concentrer sur l’histoire et après si Ulrich voudrait en parler avec elle, elle aurait l’air bête. De ne pas savoir de quoi il parle. Dans la file d’attente, elle s’est dit plusieurs fois, « tant pis, j’y vais », mais n’a pas pu. A chaque fois qu’elle amorçait un mouvement, Ulrich se rapprochait d’elle. Elle ne pouvait pas le planter comme ça. Alors elle rigolait gênée. Elle ne pouvait pas lui dire non plus qu’elle voulait aller faire pipi. Ça faisait gamine qui peut pas se retenir. C’était la faute du coca. Qu’elle avait bu au Mac Do. Elle n’aurait pas du. Elle le savait. Maintenant, c’était le calvaire. Elle n’arrivait à se concentrer sur rien. Fallait vraiment qu’elle aille aux toilettes. Heureusement que Ulrich ne parlait pas trop, parce qu’elle n’arrivait pas à se concentrer. Elle ne pensait qu’à sa vessie qu’elle s’imaginait déborder. Elle se disait qu’elle était en train de gâcher ce moment juste parce qu’elle n’osait pas dire à Ulrich qu’elle voulait aller aux toilettes. Juste parce qu’elle n’osait pas y aller de peur que tout le monde ne regarde qu’elle.


à suivre...

"que la douceur du printemps te porte sur ses épaules, ami internaute ! "

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